vendredi 29 octobre 2010

Senateur Edmonde Beauzile: Presentation a Istanbul pour Haiti


ISTANBUL 23-24 OCTOBRE 2010

Présentation Sénateure Edmonde Beauzile

Il m’a été demandé de présenter le thème suivant : « Employment Equal Opportunity and Income Equality ». L’équivalent en français se traduirait à peu près ainsi : «  Egalité dans l’emploi  et les revenus »  En parcourant furtivement la documentation qui m’a été communiquée  en rapport avec le forum, j’ai pu dégager l’idée centrale. Elle porte sur le renforcement du pouvoir des femmes dans la construction de la sécurité humaine.  Comment donc associer l’égalité dans l’emploi et  le renforcement du pouvoir des femmes ?

D’entrée de jeu,  je dis qu’on ne peut parler d’égalité ni de pouvoir sans faire référence à l’Education et à la bonne gouvernance. C’est vrai qu’on parle de plus en plus fort de l’équité de genre mais le moyen le plus sûr d’y accéder est d’offrir des chances scolaires égales aux hommes et aux femmes qui représentent pour Mireille Neptune Anglade « l’autre moitié du développement ». L’homme et la femme ne sont-ils pas  en effet crées égaux ?  Je vais conduire mes réflexions sur l’origine et l’évolution du système éducatif en Haïti, sur le rôle des femmes dans la société haïtienne et sur le concept de la bonne gouvernance.

« Les responsabilités de l’école envers la société et envers tous les enfants doivent être envisagés dans une dynamique d’équité et de justice sociale. Tout enfant, quelque soit sa classe sociale, son sexe doit avoir la même chance d’accéder à l’éducation de base. C’est le fondement de la démocratie moderne. »    (Pierre Enocque François, POLITIQUES EDUCATIVES ET INEGALITES DES CHANCES SCOLAIRES Pg 11) 

Le 1er janvier 1804 Haïti existe comme un état indépendant. Tous les enfants n’accèdent pas à l’école cependant.  La constitution de 1805 prévoit une école dans chacune des six divisions militaires du pays. Il y a donc six écoles, éparpillées sur le territoire national,  accessibles seulement aux enfants de ceux qui avaient rendu de grands services dans la réalisation de l’indépendance nationale. L’enseignement était réservé à une catégorie de classe sociale. Dès l’indépendance, d’une manière générale, le système repose sur l’exclusion.  En 1843, l’Education semble prendre un autre tournant avec  la promulgation des textes de loi et la création du département de l’Instruction Publique.  La charte de 1843 en son article 31 stipule : « L’enseignement est libre et les écoles sont distribuées graduellement en raison de la population. Chaque commune a des écoles primaires de l’un ou de l’autre sexe, gratuites et communes à tous les citoyens. »  A partir de 1859, les responsables tentent de démocratiser l’instruction publique par la création d’écoles.  De 54 établissements, on en compte maintenant 231. Le nombre de bénéficiaires passent de neuf mille (9.000) élèves à quatre cent quinze mille quatre cent dix sept (415.417) élèves et étudiants.

Les filles fréquentent-elles l’école à cette époque ?  Les statistiques dénombrent 41 écoles primaires de filles, 50 écoles rurales des deux sexes.  En 1906, le nombre d’écoles urbaines de garçons et de filles s’élèvent à 210 selon Edner Brutus.  De nos jours,  les filles vont autant à l’école que les garçons. Le degré d’alphabétisme de la population de dix ans et plus est de 61% dans l’ensemble du pays. Il est plus élevé chez les hommes que chez les femmes : 63.8% contre 58.3%. Le degré d’alphabétisme est de loin meilleur  en milieu urbain qu’en milieu rural (80.5% contre 47.1%) mais valent-elles autant sur le marché du travail ? Dans ce domaine, disons que l’homme et la femme ne sont pas à chance égale.  En raison de l’image que la société fait de la femme, celle-ci  est plutôt reléguée à des emplois de faible revenu. Ce qui accentue le phénomène de pauvreté chez la femme, phénomène commun aux pays en voie de développement. On parle alors d’un processus de féminisation de la pauvreté liée à la privation des possibilités de choix et d’opportunités qui permettraient aux femmes de mener une vie décente. Parmi ces choix et opportunités, on retrouve, par exemple, l’éducation, la santé et la participation citoyenne.  D’une manière générale, dans les pays en voie de développement,  la vulnérabilité économique des femmes découle, entre autres,  des inégalités entre les hommes et les femmes et d’une distribution injuste des ressources au sein du ménage. En Haïti, en effet, Il n’ya pas longtemps, la femme mariée était considérée comme un mineur. Même bien formée, elle restait à la maison pour s’adonner aux taches domestiques. Elle n’avait pas le plein exercice de sa capacité juridique. Elle ne pouvait, par exemple, faire des actes de commerce sans l’autorisation de son mari. Le décret du 8 octobre 1982 est venu fixer un nouveau statut à la femme mariée. Désormais elle est considérée comme une personne. A l’inverse, la femme célibataire/mère ou qui vivait dans le concubinage était mal perçue. En grande partie, on la retrouve en milieu rural, un milieu au départ défavorisé parce que démuni d’école. Elle est marginalisée. Pourtant c’est cette catégorie méprisée qui joue un rôle important dans le développement économique local. Elle domine le secteur informel. L’analyse des statistiques du secteur commercial révèle qu’elle s’y taille la place du lion. Plus de 90% de femmes s’adonnent à cette activité. Ce qui a fait dire à un auteur féministe contemporain : « qui dit commerce en Haïti dit femme, et même qui dit commercialisation dit féminisation » On y retrouve :

1.    La commerçante rurale qui sert d’agent de contact entre le producteur rural et le consommateur urbain ou rural. Elle peut être elle-même à la fois agricultrice et commerçante. Elle circule d’un marché à l’autre, passant même la nuit la veille pour être disponible pour ses clients au petit jour. Elle offre en plus des produits agricoles, des produits de première nécessité importés ou locaux.

2.    La Madam Sara. Elle est l’agent de relation villes campagnes et campagnes villes. Elle brasse des affaires plus ou moins importantes, plus ou moins spécialisées et engage des sommes plus ou moins fortes.

3.    Les marchandes qui partent régulièrement vers la République Dominicaine, vers Puerto Rico et qui ramènent des produits importés.

Quelle est la rentabilité de tout cet effort qu’elle déploie ? Des tentatives d’estimation de la marge de profit prouvent qu’elle n’en tire pas une grande richesse. Ces estimations indiquent qu’elle ne gagne que 5% sur le prix de vente. A tout ceci, il faut ajouter la dureté des conditions de vie : longues heures de travail, difficultés de toutes sortes pour dédouaner les marchandises, longues distances parcourues à pied avec de lourds fardeaux sur la tête et le caractère pénible des transports en commun. Cette catégorie doit aussi s’occuper de son foyer et de ses enfants car en majorité elle est monoparentale et même quand elle vit en couple, la tradition empêche encore à l’homme de partager les taches ménagères dites féminines.

Egalité dans l’emploi et les revenus, oui on doit en arriver là mais il y a beaucoup à faire. Haïti est confrontée à des problèmes majeurs en matière d’emploi. Elle accuse le taux de chômage le plus élevé de la région soit un taux de 70% à la fin du cycle économique de l’année 2008. Pour la seule année 2007-2008, 2179 étudiants (répartis entre1305 hommes et 874 femmes) sont sortis diplômés (donc disponibles sur le marché du travail), totalisant 8% des étudiants inscrits dans 34 Institutions d’Enseignement Supérieur (IES) reconnues, selon un rapport préliminaire de la Direction de l’Enseignement Supérieur (DESRS) en Haïti. Ce chiffre serait beaucoup plus élevé si l’on incluait les diplômés de l’Université d’Etat d’Haïti (11 facultés plus les Ecoles de Droit de province), des Universités publiques en Région (Nord, Artibonite, Sud) et d’autres IES publiques (Ecoles Nationales d’Infirmières, ENST, ENGA, CTPEA,

ENARTS) avec leurs 28000 étudiants inscrits.

 

Ce chiffre ne prend pas non plus en compte les diplômés de 91 centres de formation technique ou professionnelle reconnus par l’Institut de Formation Professionnelle (INFP). Une étude récente de la banque mondiale a montré qu’Haïti a un des taux de migrants très éduqués les plus élevés au monde. Il est reconnu pourtant qu’Haïti fait face à une carence de ressources humaines qualifiées. Il faut pour cela produire une réflexion sérieuse autour d’une politique agressive de l’emploi capable d’aboutir à la création d’un véritable marché de l’emploi en Haïti. De nos jours, les femmes sont considérées comme des citoyennes à part entière. Pourtant qu’est-ce qu’elles représentent sur le plan politique ? A la 48ème législature, le Sénat comptait 4 femmes Sénatrices sur 30, la chambre des Députés en comptait 4 sur 99. Le gouvernement comptait deux ministres- femmes en son sein. Sur le marché du travail, les compétences féminines doivent affronter le cynisme des patrons.  Les postes de responsabilité sont difficilement confiés aux femmes. Tout ceci prouve qu’elles doivent continuer à lutter pour faire sauter les verrous sociaux, pour éliminer les préjugés défavorables aux femmes.  Déjà je viens de parler du rôle des femmes dans le développement local. Pour renforcer leur pouvoir, il faut leur faciliter des services financiers, leur donner accès au capital par exemple. C’est grâce à leur créativité et à leur courage que plusieurs emplois directs ou indirects sont crées. Les femmes professionnelles deviendront égales aux hommes dans l’emploi si elles continuent à se battre avec l’homme à ses cotés pour transformer davantage la mentalité, pour la bonne gouvernance.  

 

 

Tous les experts et analystes conviennent que la mauvaise gouvernance représente l’un des facteurs importants de ce blocage, empêchant ainsi au pays de passer de la tradition à la modernité. L’analyse de l’Etat au cours des dernières décennies permet d’identifier trois grandes crises majeures : crise de légitimité, crise d’efficacité et de productivité et crise de répartition des ressources. Jean Charles Mervil propose la définition suivante de la gouvernance : « L’exercice de l’autorité économique, politique et administrative en vue de gérer les affaires d’un pays à tous les niveaux. Il englobe d’une part, les mécanismes, processus et institutions par le biais desquels les citoyens et les groupes expriment leurs intérêts, exercent leurs droits, assurent leurs obligations et, d’autre part,  les institutions auxquelles les citoyens s’adressent en vue de régler leurs différends. Les caractéristiques de la bonne gouvernance selon lui sont :

 

1.     La participation  dans la prise de décision directement ou par l’intermédiaire d’institutions légitimes qui représentent les intérêts des populations, fondée sur le respect des droits de l’homme.

2.     La transparence fondée sur la libre circulation de l’information. Les personnes concernées peuvent avoir accès aux processus et institutions pour comprendre et suivre les questions qui les concernent.

3.     La responsabilité des décideurs qui ont l’obligation de rendre compte à la population.

4.     L’efficacité et l’efficience : les processus et les institutions donnent des résultats en fonction des besoins tout en utilisant au mieux les ressources disponibles.

5.     L’équité : tous les hommes et les femmes ont la possibilité d’améliorer ou de maintenir leurs conditions de vie.

6.     Primauté du droit. Les cadres juridiques doivent être équitables et les textes juridiques appliqués de façon impartiale.

7.     Orientation du consensus : la bonne gouvernance joue un rôle d’intermédiaire entre des intérêts différents pour aboutir à un large consensus.

8.     Vision stratégique : les dirigeants et le public ont une vaste perspective à long terme de la gouvernance et du développement humain, ainsi qu’une idée de ce qui est nécessaire pou y parvenir.

 

Le préambule de la constitution de 1987, continue-t-il,  énonce sans équivoque le type de société à édifier. Il est dit en effet, le peuple haïtien proclame la présente constitution :

 

-       Pour garantir ses droits inaliénables et imprescriptibles à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur conformément à son acte d’indépendance de 1804 et à la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.

-       Pour constituer une nation haïtienne socialement juste, économique, libre et politiquement indépendante.

-       Pour rétablir un état stable et fort, capable de protéger les valeurs, les traditions, la souveraineté, l’indépendance et la vision nationale.

-       Pour fortifier l’unité, en éliminant toutes discriminations entre les populations des villes et des campagnes, par l’acceptation de la communauté de langues et la culture et par la reconnaissance du droit au progrès, à l’éducation, à la santé, au travail et au loisir pour tous les citoyens.

-       Pour assurer la séparation et la réparation harmonieuse  des pouvoirs de l’Etat au service des intérêts fondamentaux et prioritaires de la Nation Haïtienne.

-       Pour instaurer un régime de gouvernemental basé sur les libertés fondamentales et le respect des droits humains, la paix sociale, l’équité économique, la concertation, et la participation de toute la population aux grandes décisions devant engager la vie nationale par une décentralisation effective.

 

La constitution est l’outil juridique par excellence qui reconnait le droit inaliénable et imprescriptible de la femme. Elle inclut tous ses fils, toutes ses filles dans la transformation d’une Haïti dynamique. L’écrasante pesanteur des traditions politiques et culturelles qui ont structuré Haïti depuis près de deux siècles empêche encore d’asseoir les bases légales de ce nouveau contrat social. L’autre moitié du développement doit continuer à mener le combat pour l’édification d’une nouvelle société. Portons les revendications jusqu’au triomphe de la cause. Luttons pour une société juste, équilibrée, sans exclusion en vue de la sécurité humaine. Nos compagnons se sentiront certainement protégés. Je terminerai avec la pensée de John Stuart Mill : « Nous pouvons affirmer en toute certitude que la connaissance que les hommes peuvent acquérir des femmes, de ce qu’elles ont été dans le passé, de ce qu’elles sont, sans parler de ce qu’elles pourraient être, est déplorablement limitée et superficielle et le restera tant que les femmes n’auront pas dit tout ce qu’elles ont à dire. »  

 

 Et en profite pour lancer un appel aux membres du PGA dans le cadre d’une vraie diplomatie parlementaire, qu’une meilleure solidarité soit développée au besoin entre parlements membres. Je cite en exemple la lettre des Sénateurs haïtiens après le séisme, adressée au Président du GPA, copiée aux membres du GPA et qui est restée à date sans même un accusé de réception. Il y a nécessité de faire le plaidoyer pour que cette structure parlementaire internationale que représente le PGA soit plus a l’écoute de ses membres et qu’ensemble nous arrivions à vaincre l’inaction des pouvoirs exécutifs ou législatifs dans l’adoption de mesures sans lesquelles la survie de certains parlements  pourrait même être remise en question.

Senateur Edmonde Beauzile: Discours Inauguration Bibliotheque pour les Jeunes a Mirebalais Haiti

Depuis 2004 , pour avoir été celle qui avait élaboré le programme de formation des enseignants du fondamental, présenté le profil des enseignants selon une approche par compétence, j’ ai compris que le dispositif idéal pour la formation continue ne pouvait pas être mis en place dans un moyen terme. Ainsi je me suis mis à réfléchir sur les NTIC pour voir de quelle façon ces technologies pourraient contribuer à suppléer aux carences et à l’absence des centres de formation. J’ai monté un projet en ce sens, surtout dans ses aspects méthodologiques, la gama une entreprise de Port au Prince m’a aidé à le compléter dans ses aspects techniques.

Devenue Sénatrice, il a fallu explorer toutes les pistes de financement en vue de rendre opérationnelles les visées d’une spécialiste en éducation tout en écartant pas la nécessité du présentiel. Cette démarche a trouve son impératif par le fait que dans mes rencontres avec des jeunes du lycée, des élèves étaient préoccupés par leur formation et par le taux d’échec accru au sein dudit lycée. J’ai ainsi entrepris de faire venir des professeurs des grands établissements de PauP, ce qui coutait cher pour mon portefeuille et qui n’était que du pansement  très provisoire. Mais ceci avait comme résultats d’augmenter le nombre de réussis mais ne portait pas bien les enseignants. Voila d’où est parti l’idée en urgence de mettre en œuvre la mise en place d’un centre multimédia avec pour mobile :

1-      Formation continue des enseignants

2-     Auto – Formation des élèves

3-     Formation des élèves à partir des documentaires

Seule la coopération taïwanaise a répondu à ma demande de mise en place des premiers 3 centres mais en commençant par celui de Mirebalais accepte-elle, et les autres viendront après selon ce qu’il donnera comme résultats pour améliorer la qualité de l’éducation dans la zone. Toute contente je sui venue rencontrer Yves Germain pour lui proposer de m’accompagner dans la mise en œuvre de ce projet. Il m’accueille en disant tu ne peux pas mettre un tel centre au lycée, il y a plusieurs écoles privées qui auront beaucoup de difficultés à le fréquenter. Il en a profite pour me dire, moi de même avec l’appui de Paul-Marie j’ai déjà monte un plan pour réhabiliter la bibliothèque municipale. Il a le plan moi j’avais déjà mobilise l’argent… tout a donc démarré ainsi. La décision est donc prise ce soir la d’inviter la coopération à faire une visite des lieux, d’informer l’organisation dont Yves est membre, le Rotary et ensuite la mairie.

Comme prévu, nous nous sommes mis au travail, c’était pas facile, nos ambitions dépassaient l’argent mobilisé , soit dans un premier temps $26,000 de Taiwan, ensuite 15,000 puis 40,000. 1 million du ministère du Plan. Les travaux de finition étaient les plus difficiles car aucun fond n’était disponible, c’est ainsi que FATEM a été sollicité , l’infatigable Jacky au nom de l’organisation a pu apporter une contribution de $1200, puis a pu mobiliser $15,000 d’ une organisation américaine Zinga. Père Lafontant a contribué a hauteur de 25,000 gdes, Feu Sénateur Jacques Wibert 30,000 gdes, 50 sacs de ciment de CINA.  Nous venons de recevoir 50 chaises de la compagnie Ghella, ainsi de 3 climatiseurs 1200BTU,2 climatiseurs de Yves Coles Dans cet inventaire ma contribution et celle de Yves ne sont pas comptabilisées.

L’œuvre est là, elle porte le nom de «  bibliothèque municipale Rosalie Bosquet Adolphe » ce pour plusieurs raisons, elle est la première personnalité de la ville celle que les mirebalaisiens seraient loin d’oublier pour son dévouement incommensurable au développement de sa ville natale. Elle était celle qui avait construit la bibliothèque qui a été démolie de même que toutes les infrastructures modernes de la ville. Elle aussi une macoute, commandant de la milice nationale elle l’avait assumé jusqu’au bout. Elle était fière de garder la ligne qu’elle s’était donnée comme pédagogue, ancienne duboisienne ayant parachevé en France ses études en bibliothéconomie  pardessus,  allait jusqu'à mettre en garde à vue les parents qui refusaient d’envoyer leurs enfants au lycée qu’elle avait fait construire. Toutefois il nous faut souligner que si elle reste célèbre aux yeux des Mirebalaisiens, au niveau national elle n’est pas aimé pour son passé et ses responsabilités au coté des Duvalier, voila pourquoi je vous dis que j’assume avec vous le fait de vouloir la vénérer tout en disant  qu’il ne faut jamais oublier le passé car il doit nous dicter l’aujourd’hui pour pouvoir mieux préparer le futur.

Ou  sommes- nous, Fatem  par ses démarches a pu faire venir quelques boites de livres, mais ils sont loin de répondre des besoins de la bibliothèque, le comite de gestion  aura du pain sur la planche, il devra mobiliser tous les fils et toutes les filles de Mirebalais pour l’organiser.

Gama consulting, qui a eu le contrat de mise en place du centre multimédia, prendra en charge l’encadrement technique pendant un an ainsi que l’alimentation en internet, la mise en place de programme d’autoformation des enseignants. Apres le comite de gestion devra être capable de faire marcher ce centre et utiliser à profit les acquis transmis par Gama.

Je veux vous dire, chers invités, que tout ce que je viens de vous annoncer n’aurait pu prendre corps sans l’engagement pris des le premier jour par un homme, un seul à qui je dis merci, merci pour son amour pour la ville de mirebalais, a l’instar de Rosalie, un bâtiment un jour devra porter ton non, il s’agit de Yves Germain.

Merci à vous tous, vous toutes qui d’une façon ou d’une autre ont contribué pour que ce projet devienne réalité. Merci a la coopération Taïwanaise , a l’Ambassadeur ici présent, pour son apport substantiel a la concrétisation de ce rêve, et pour les autres centres qu’il va nous aider a construire.

Merci à Laura Pincus, elle est rentrée spécialement pour nous apporter son soutien moral, elle apporte a FATEM toute sa dynamique, c’est grâce a son support que Fatem ait pu bénéficier du financement de ZINGA.

Merci aux Boss, merci a Mackenzy, Lesner et Ulrick, merci a tous. Un merci spécial a Monseigneur St Hillien qui nous a honoré de sa présence.

Merci a madame la ministre Lassègue,meme si elle n’est pas la, mais pour tout ce qu’elle va faire pour inciter les instances gouvernementales concernées à accompagner la pérennisation d’un tel projet et sa réplication  à travers le pays à un moment ou les bibliothèques se meurent et ont besoin d’un regain de bonne foi. Pour que le CLAC puisse devenir réalité au Plateau, toutes les communes du Plateau ont besoin d’une telle structure, Belladère est prête à l’accueillir, le bâtiment est fin pret, puis Hinche, le chef lieu du département qui nécessite en urgence une telle structure, un autre défi qu’on se donne.

 

Merci encore, c’était long mais nécessaire.

Haiti: Senateur Edmonde Beauzile Lettre ouverte aux Collègues Parlementaires des Etats Unis

Port au Prince, 1e juillet 2010


Chers Collègues du Congrès  et du Sénat Américain,

 

La Constitution Haïtienne en vigueur, en ayant consacré le principe de la séparation des pouvoirs systématisé par Montesquieu dès l’année 1748, impose à l’Etat, à ses agents et aux gouvernants le respect de règles de droit. Monsieur René Préval, devenu Président de la République, a juré de faire respecter la loi-mère mais s’en est écarté pourtant tout au long de son mandat et veut maintenant s’en débarrasser en dehors de ce que prévoit la loi. Ainsi, le contexte sociopolitique, on peut le comprendre, s’avère difficile. Le pays s’enlise dans le marasme. Dès la fin de l’année 2009 en effet, la contestation se généralise face à l’entêtement du Président qui, en dépit de son incapacité notoire à gouverner démocratiquement le pays, veut perpétuer son équipe au pouvoir. Mais, assuré de la docilité des neuf membres du Conseil Electoral Provisoire chargé d’organiser les élections, il vient de mettre sur pied un regroupement politique baptisé « Inité » qui utilise les deniers publics pour le financement de ses candidats aux prochaines joutes électorales. Le comportement délétère du Président révolte la simple conscience citoyenne et inquiète le secteur démocratique. La classe politique, les organisations de droits humains, certains parlementaires ont dénoncé sa démarche incivile et grotesque, en sa forme, qui représente à bien analyser une menace attentatoire à l’existence des institutions politiques et une entorse majeure à la démocratie. Aujourd’hui les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire se trouvent concentrés entre les mains d’un seul homme qui pense avoir la bénédiction de la communauté internationale.

 

Chers Collègues Parlementaires, pour illustrer les propos introductifs, les Sénateurs Maxime Roumer, Jean Willy Jean Baptiste, Jean William Jeanty, Youri Latortue,  Evalière Bauplan, Mélius Hyppolite,  Edmonde Supplice Beauzile, ont l’honneur de porter à votre connaissance certains faits perpétrés arbitrairement par le représentant de l’Exécutif Haïtien :

 

1-    Le Président René Préval a révoqué le Conseil Electoral Provisoire de consensus qui avait organisé les élections générales de 2006. Il l’a remplacé par un autre dévoué totalement à sa personne en violation de l’article 289 de la Constitution.

2-    Le Président René Préval a prêté devant l’Assemblée Nationale le serment  tel que stipulé par l’article 135-1 de la Constitution : « Je jure devant Dieu et devant la Nation, d’observer et de faire observer fidèlement la constitution et les lois de la République, de respecter et de faire respecter les droits du peuple haïtien, de travailler à la grandeur de la Patrie, de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire. » Il a réuni pourtant au Palais National, en décembre 2006, les assassins et les kidnappeurs qui pendant des mois interminables ont établi une zone de non droit à la Capitale, qui ont semé sans inquiétude la terreur au sein de la population, qui ont incendié les maisons, qui ont massacré beaucoup de citoyens paisibles dont le journaliste Jacques Roche, le Directeur de la commission des marchés publics Robert Marcelo en violation dudit article.

3-    Le Président René Préval a déstabilisé le Sénat et la Chambre des Députés en refusant volontairement de respecter les échéances constitutionnelles prévues pour le renouvellement de la chambre des Députés et du tiers du Sénat en violation de l’article 136 de la Constitution.

4-    Le Gouvernement de René Préval n’a pas soumis au parlement les rapports des dépenses en regard des 197 millions et 163 millions, comme prévu par la loi sur l’Etat d’urgence, ce qui confirme l’état de corruption dénoncé par le rapport du département d’Etat Américain.

5-     Le Président René Préval a encouragé son Conseil Electoral Provisoire à écarter sans raison valable le parti Fanmy Lavalas et d’autres partis politiques, à méconnaître le droit de vote des citoyens des départements du Sud et de l’Artibonite lors des élections législatives du 19 Avril 2009. Son Conseil a ignoré systématiquement la victoire aux urnes des candidats Benoit Laguerre et Joseph Anick François pour la concéder à ceux qui ont prêté le serment d’allégeance à sa personne.

6-    Le Président René Préval refuse jusqu’à date de nommer le Président de la Cour de Cassation, de combler les postes vacants à ce niveau en violation de l’article 175 de la Constitution.

7-    Le Président René Préval, disposant d’une majorité servile au Parlement, a bénéficié de la loi d’urgence qui restreint certaines libertés fondamentales et qui lui accorde des pouvoirs exceptionnels pendant dix huit mois en violation de l’article 17, 19, 22, 24, 24-1, 24-2, 24-3, 25, 25-1, 26, 26-1, 26-2, 27, 27-1, 28, 28-1, 28-2, 28-3, 29, 29-1, 30

8-    Le Président René Préval, disposant d’une majorité servile au Parlement, a bénéficié de la LOI PORTANT AMENDEMENT DE L’ARTICLE 232 DE LA LOI ELECTORALE DU 9 JUILLET 2008  qui est une prolongation de son mandat présidentiel en violation de l’article 134-3 de la Constitution.

 

Chers Collègues, le principe de la séparation des pouvoirs est essentiel dans le fonctionnement d’un Etat de droit. Que de luttes menées au XVIIème siècle le plus souvent à l’initiative des parlements pour combattre le pouvoir absolu de droit divin, pour mettre fin à l’absolutisme d’un monarque ! Comment dès lors accepter que Haïti, terre historiquement rebelle à toute forme de barbarie et d’autoritarisme, soit gouvernée par un cynique. Les Sénateurs et Sénatrice apprécient l’empressement avec lequel votre gouvernement déclare vouloir participer à la renaissance de leur pays éprouvé, néanmoins ils  sollicitent urgemment votre appui pour empêcher que l’argent des contribuables américains ne soit utilisé à financer la tenue d’élections frauduleuses susceptibles de conduire le pays dans un séisme politique aigu.

 

Convaincus que vous accorderez votre meilleure attention à la présente et que vous apporterez, en appui à leur préoccupation, votre support inconditionnel, les Sénateurs sus cités  vous prient de transmettre leurs remerciements à votre noble peuple et de recevoir leurs salutations distinguées. 

 

Suivent les signatures des Honorables Sénateurs, Sénatrice

 

Edmonde Supplice Beauzile Jean William Jeanty

 

Jean Willy Jean Baptiste  Maxime Roumer

 

Evalière Bauplan   Mélius Hyppolite

 

Youri Latortue

 

Senateur Edmonde Beauzile: Plan Strategique Plateau Central Haiti

Plan résumé  devant conduire à l’élaboration d’un grand projet de : « Développement social et communautaire d’une région moderne du pays   »

 



1-    Objectif général

 

Transformer  la région du Centre du pays en un département développé capable de créer un sursaut sur le social et les mœurs de chaque individu de ladite région aux fins  de susciter les conditions nécessaires d’une transformation sociale profonde et durable.


II- Objectifs spécifiques

1-    Créer pour le pays un pole de développement économique soutenable et un grenier pour desservir d’autres zones du pays en cas de désastres naturels

 

2-    Construire un aéroport moderne au chef lieu du Département

 

3-    Créer le maximum d’emplois possibles dans la zone par la construction d’infrastructures routières et l’amélioration des voies tertiaires existantes

 

4-    Permettre à la population de bénéficier des services sociaux de base adéquats de manière à participer pleinement à son propre épanouissement social

 

5-    Mettre en place un centre universitaire, avec plusieurs filières tendant vers la formation professionnelle, la formation initiale accessibles aux jeunes des  communes du Plateau central et  pouvant leur permettre  d’intégrer avec compétence  le marché du travail et qui permettront de:

 

a)     créer une pépinière dans des domaines spécifiques capables de rendre disponibles des cadres au niveau tertiaire

b)    mobiliser au moins 20,000 jeunes par an sur des formations de longue, moyenne et  courte durée

c)     faire de l’éducation et la formation professionnelle la plaque tournante du développement et du changement radical de l’homme haïtien

d)    réduire la pression des jeunes haïtiens sur les Universités Dominicaines

 

6-    Préparer un plan d’aménagement du territoire pour chaque commune du département en regard du cadastre  existant aux fins de créer de nouveaux villages en réponse à la nécessité de placer les victimes du séisme du 12 janvier 2010

 

7-    Susciter le besoin d’agglomération et entreprendre la modernisation des conditions de vie des habitants des différentes communes du département par la réhabilitation des taudis, des maisonnettes  en ayant le souci constant que les services sociaux de base sont de proximité

 

8-    Favoriser la production agricole et en faire un pole de développement économique couplé de l’élevage à échelle industrielle

 

9-     Assurer la transformation agro-alimentaire par la formation et par l’investissement dans des infrastructures de base et dans l’accompagnement des couches les plus défavorisées

 

 

III- Activités

 

-       Mise en place d’une équipe centrale devant accompagner la mise en œuvre du grand chantier pendant tout le processus avec implication des structures étatiques nationales et locales

-       Préparation des relevées topographiques de chaque commune

-       Préparation du plan d’urbanisme de chaque commune

-       Enquête et mise à jour des données statistiques de chaque commune

-       Etudes et plans détaillés des différentes interventions en matière d’infrastructures routières et d’infrastructures économiques,

-       Identification des sites et des infrastructures éducatives à construire

-       Préparation d’un plan éducatif répondant aux spécificités de la région

-       Préparation et mise en œuvre d’un plan de développement économique de la commune en regard des potentialités de la région du Bas Plateau

-       Mise en œuvre des différents chantiers spécifiques.

 

IV- Résultats

 

-       Chaque commune est élevée au rang de ville moderne socialement rénovée dans ses pratiques comme dans son sens de responsabilité

-       De nouvelles voies de pénétration sont construites et des infrastructures routières répondant au besoin de développement de ladite commune

-       Les filières économiques sont identifiées et mises à profit pour augmenter le PIB du pays

-       Des enfants de 5 à 12 ans, des jeunes de 12 à 25 ans sont encadrés et orientés tant du point de vue académique que social

-       Chaque agglomération de 5000 personnes a accès aux services sociaux de base et s’approprie des idées novatrices véhiculées dans la communauté

-       Des habitants de la commune ont un habitat décent et participent au developpement de leur communauté

-       La sécurité alimentaire est assurée

-       L’éducation dans toutes ses filières devient la priorité des familles et la porte d’entrée de toutes les activités à entreprendre

-       Chaque citoyen, chaque citoyenne est transformé (e) en agent économique actif

PS : Ce plan est conçu dans la logique de divorcer avec l’ancien registre qui consistait à faire des petits projets par ci et par là sans en bout de piste avoir des résultats d’impact significatifs. Ce qui  laisse le pays dans une précarité telle que la majorité des haïtiens issus du milieu rural abandonnent leur terre pour aller à Port au Prince,  la capitale d’Haïti grossir les gangs, les mendiants,  pour ensuite continuer à perpétuer le cercle de pauvreté aigue.


Existant :   L’espace  territorial – L’Eau  -- l’Electricité (à venir) – Des Ressources humaines ( local et dans la diaspora)

 

 

Senateur Edmonde Beauzile: Discours Inauguration Route de Mirebalais

Monsieur le Ministre des Travaux Publics, Transport et Communication, Monsieur le Représentant de l’Union Européenne, Honorables Parlementaires, Révérend Prêtre et Pasteur, Mesdames, Messieurs,

 

Il y a tout juste cinq ans, la Route Nationale # 3 était difficile d’accès. Le morne à cabris représentait un danger imminent pour les centristes et faisait couler la sueur froide au dos de tout voyageur qui, animé du désir de découvrir le pays,  devait nécessairement passer par là. Il fallait mettre plus de deux heures pour atteindre Mirebalais, la première ville du Plateau, distante de Port-au-Prince de 56 Kilomètres seulement. Le Centre était considéré comme un département marginalisé.

Aujourd’hui, à l’occasion de l’inauguration de cette partie de la Nationale # 3, les habitants du Plateau doivent se sentir émerveillés en se disant peut-être en leur for intérieur qu’ils sont en train de s’engager sur la voie du progrès. Pour ma part, j’estime qu’un pas vient d’être franchi et que la construction de cette partie de la route n’est que le commencement. C’est donc un réel plaisir que j’éprouve ce matin  à être parmi vous et je profite de ce moment pour remercier l’Union Européenne d’avoir octroyé le financement. Un grand merci au gouvernement haïtien qui a assuré la supervision de l’ouvrage. Un grand merci à tous ceux qui ont apporté leur contribution à la réalisation de la route notamment les ouvriers. Je ne serai jamais fatiguée de dire que si aujourd’hui cette route devienne une réalité, c’est grâce à Serge Gilles qui,  avait initié la démarche lors de son mandat de Sénateur du Plateau.   

Mon souhait, c’est de voir tout le Plateau doté d’une infrastructure routière. Il faut la liaison entre le Centre et l’ouest mais à l’intérieur même du département, la ville de Mirebalais doit être reliée aux sections communales, Lascahobas doit se rattacher à Savanette, il faut assurer la liaison entre Savanette et Baptiste. La ville de Hinche doit être en connexion avec les sections communales. L’asphaltage doit conduire au Bassin zim, à Thomassique, aux sources chaudes, à Cerca La source, à tilori. C’est en construisant des routes que les villes et les départements se rapprochent. J’insiste parce que le Centre peut et doit devenir une zone de grandes activités économiques. Les sites touristiques ne manquent pas : Saut d’Eau, Péligre, les sources chaudes, le bassin Zim, les grottes de Lascahobas.  Les paysans et paysannes doivent être en mesure d’écouler leurs denrées alimentaires. Les habitants de Baptiste vendent leur café au prix que les dominicains leur imposent. Ces derniers emportent aussi notre pois congo, notre café, nos volailles parce que nous n’avons pas de route. Il nous en faut parce que  le Centre dispose de richesses naturelles d’importance qui contribueront certainement au bien être de la population. Le Centre a la capacité de se suffire à lui-même et d’étendre ses produits à l’ensemble du pays.

Est-il nécessaire de rappeler à la population du Plateau  le coût du réseau routier estimé à …………. Million d’euros ? Que de fois nous avons négligé de porter attention aux routes.  La nationale # 1 s’est dégradée, il parait que personne ne s’en soucie. C’est la même situation pour l’ensemble du pays. Je vous en parle parce qu’aujourd’hui les autorités locales ont la responsabilité de la route. L’infrastructure routière, comme je viens de vous le dire, contribue au développement d’un pays. Il vous revient donc de la garder jalousement et de faire en  sorte qu’elle ne se dégrade pas. Avant d’être un bien public au service de tous, il appartient à chacun de vous individuellement. Il est de votre devoir de l’entretenir. N’oubliez pas que sous le gouvernement de Henry Namphy, la route Port-au-Prince/Mirebalais était asphaltée. Quelques années ont suffi pour qu’elle tombe en mauvais état.

Monsieur le Représentant de l’Union Européenne, acceptez encore mes remerciements au nom de la population du Plateau Central. Je veux croire que, aujourd’hui, nous sommes sur la bonne route c’est à dire celle qui mène au progrès et au développement. A tous et à toutes, je souhaite une meilleure utilisation de la Route No 3 tout en rappelant aux automobilistes, aux chauffeurs de tap tap, de camions que la route tue et blesse.   

  

Conférence sur le système éducatif Haïtien Prononcée par la Sénatrice Beauzile


Conférence  sur le système éducatif  Haïtien   Boston  26 Avril 2009

Prononcée par la Sénatrice Beauzile  , membre la commission Education du Senat

 

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs

 

Bonsoir a chacun d’entre vous.

 

 

 

 

Pour commencer, je voudrais adresser un message de chaleureuse bienvenue à vous  tous qui avez fait  le déplacement pour donner à ce moment toute sa  grande valeur. J’ai toujours compris   que la mise sur pied d’un dialogue constructif   entre la diaspora et les autorités du pays  est  une démarche  de haute portée appelée à servir  la cause de notre patrimoine commun, la terre de nos ancêtres .

 

  Permettez-moi de vous dire que je ne pourrai, dans aucune forme connue, exprimer l’immense plaisir qui m’habite à l’occasion de cette délicieuse rencontre organisée ici dans cet espace qui a nom : Regie Lewis Center. Je salue, avec tout mon sens  bien poussé des relations avec autrui,  les initiateurs de ce projet qui, dans son essence, transpose sur la terre étrangère une partie du problème qui fait obstacle au développement  de la terre natale : l’éducation. Cela renseigne, s’il en était besoin, de l’attache des citoyens que vous êtes à la terre de vos  origines   ou  à  celle de vos parents. . Vous  signifiez  par ce seul geste vos préoccupations sur les problèmes de la cité  et votre rêve   de la voir se transformer au bénéfice de tous ses fils. Que ce 26 avril  soit le point de départ  de toute une série de rendez vous  pour  réfléchir ensemble de manière intelligente sur notre pays, à  l’instar  des pères fondateurs, nous devons croire en  un futur meilleur d’Haïti. C’est mon rêve de tous les instants et c’est ma seule motivation dans tous mes actes politiques.

.

 Educatrice de formation j’ai longtemps compris que le système éducatif haïtien fait face à un ensemble de contraintes qui contrarie sa vocation  depuis toujours. Devenue senatrice de la république je suis consciente  que le pays a beaucoup à faire  pour  conférer à ce  secteur sa vraie place dans le besoin de reconstruire la patrie qui se trouve de nos  jours  dans  un contexte bien difficile.                

 

Il m’a été demandé dans le cadre de cette causerie  de faire l’état  des lieux du système éducatif  haïtien, son organisation, les problèmes auxquels il fait face et de concevoir la forme idéale que peut prendre la contribution  de la diaspora haïtienne  et des amis  du pays pour  une substantielle amélioration. Tache difficile j’en conviens, je ferai tout mon possible pour être à la hauteur et combler les attentes d’un public bien select que vous formez et qui a droit à des informations pertinentes sur une des structures les plus importantes responsables de la gestion de notre pays.

 

   Haïti un pays particulier

 

  Bien avant de camper le système éducatif haïtien qui est un élément de sa structuration globale il est à mon sens nécessaire de faire une présentation de cet  espace qui  réunit toutes les caractéristiques d’un Pays Moins Avancé et qui se manifestent éloquemment dans toutes les structures de son organisation. Je répète après un analyste qui quelque part  dit : « Toute considération sur l’éducation en Haïti commande  une analyse  globale sur le pays à l’effet de se fixer  sur sa situation.Il s’agit de réfléchir  sur les raisons explicatives  des réalités constatées,la part des  budgets du pays  allouée  à ce secteur et la nécessité  de trouver la bonne formule  pour concevoir  le progrès de la société sur des bases plus scientifiques. Il est grand temps de se dire  qu’aucun changement n’est ni dans les ateliers , ni dans les rues,  il est  à l’école.

 

     Haïti accuse un taux de chômage qui oscille entre 60 et 70%. Le revenu per capita est parmi les plus bas du monde 332,33$/h. La couverture forestière du pays est de moins de 2%. L’espérance de vie est de 52 ans.  L’indice de développement humain  situe Haïti  en 2007  à la 146eme place sur 177 pays. La dette du pays est évaluée à 1,7milliar $. 40% de la population est analphabète. Le Taux de mortalité infantile est de   62,33 pour mille (2008), le plus élevé dans l’hémisphère occidental. 60%de la population,, essentiellement dans les zones rurales, n’ont pas accès aux soins de santé ; dans ce pays on compte 2,7% de médecin pour 10.000 h.

  Le taux de prévalence du sida est près de 5,6% dans les campagnes et jusqu'à 12%  dans les villes

  Les données statistiques qui  caractérisent  notre pays  renvoient à une société qui exprime son incapacité quant à faire face à ses problèmes les plus cruciaux.

     En plus, dans cette société, il existe une très grande disparité dans la distribution des richesses seulement 4%de la population disposent de 65% des ressources, tandis que16%disposent de14% des ressources, le reste de la population possèdent 2%  vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue.

     Vers une présentation du système éducatif haïtien

 

  Le système éducatif  haïtien actuel se veut un mélange de conception de  la réforme Bernard (mars 1982) et le plan National d’éducation et de formation (PNEF -1987) .Il comprend : L’éducation préscolaire, l’école fondamentale, (qui remplacerait l’école primaire et les trois premières années du secondaire  traditionnel) la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. L’enseignement fondamental  a pour objectif d’amener le maximum d’élèves à un niveau de connaissances générales, scientifiques et techniques par la maîtrise des outils de base essentiels à leur intégration sociale, leur insertion dans la vie active et leur insertion  au niveau du secondaire.

L’enseignement préscolaire s’adresse aux enfants de 3 à 5 ans. Il a pour but de contribuer au développement de la personnalité de l’enfant sous toutes ses formes.

   L’enseignement fondamental est constitué de trois cycles, les deux premiers étant conçus comme le niveau d’éducation de base qui englobe le primaire  et le troisième comme un niveau d’orientation. Le premier cycle comprend quatre  ans d’étude, le deuxième deux ans et le troisième trois ans. La fin du deuxième cycle est sanctionnée par un examen.

  Le troisième cycle général (7eme AF,8eme et 9AF) conduit au diplôme de fin d’études fondamentales

  A la suite d’un examen d’état le jeune âgé de 15 ans rentre  dans un nouveau secondaire divisé en filières classiques et filières  techniques et professionnelles.Le secondaire classique comprend  les lettres,les sciences, les sciences économiques et sociales..Les filières techniques sont composées des branches suivantes : gestion, éducation, techniques industrielles et agricoles.

 L’année académique s’étend sur 10 mois. Les nombreux troubles politiques de 1986 à nos jours ont sévèrement réduit  le temps d’apprentissage (de 1986 à nos jours  l’on ne compte que trois années régulières).

 Vingt sept ans après la conception d’un système appelé à remplacer  l’enseignement   dit traditionnel les réalités globales qui l’entourent  ne permettent de dire  que tout va bien.

Les problèmes d’un système éducatif

  a) Une école qui fonctionne à exclusion

  Selon le dernier recensement mené en Haïti en 2003, les jeunes de moins vingt ans représentent 48% de la population qui se chiffre à 9.445.947 sans compter les 2.5 millions d’haïtiens à l’étranger. De ce nombre, moins de la moitié ont fréquenté un établissement scolaire. Sur l’ensemble de la population âgée de cinq et plus, 37,4%n’ont aucun niveau d’études, 35,2% ont atteint le niveau primaire et 21.5% le niveau secondaire. La proportion  des personnes ayant le niveau universitaire n’est que de 1%. Le système éducatif confronte pas mal de problèmes et des difficultés liés tant qu’a l’accès qu’a la qualité de l’éducation. Le pourcentage  de redoublants reste important tant au niveau  du secteur public qu’a celui du privé. Il est beaucoup plus élevé dans le secteur public ou 24% des élèves de première année sont des redoublants contre 14%seulement au privé. En ce qui concerne le milieu rural, on y trouve18%  d’élèves de 1ere année qui redoublent contre 15% en milieu urbain

 Les  taux de scolarisation des 10-14 restent  plus élevés que ceux des 6 à 9ans Cet accès tardif à l’école qui explique la présence des sur âgés dans les classes du primaire n’est pas neutre  sur la performance du système. Les taux d’abandon et de redoublement, par exemple restent à des niveaux élevés. Le pourcentage d’enfants ayant bouclé un cycle d’études complet diminue, passant de 45%en 1993 à environ 35,5% en 2002, alors que le pourcentage des sur âgés passe de 24,7%en 1996 à un peu plus de 42%. La durée vie  scolaire d’un enfant en moyenne est de 3 années 9 mois ce qui est nettement insuffisant pour lui garantir un bagage suffisant. La déscolarisation précoce des enfants  constitue un enjeu majeur  pour le système  éducatif. On estime  en effet  que seulement deux enfants sur 10 qui entrent en première année du primaire atteindront la 5eme année et encore moins de 2% termineront le secondaire. Selon les données  statistiques  de 1999-2000,21% des enfants de 6 à 9 ans  ne sont jamais allés à l’école. La raison principale évoquée réfère au  fait  que les enfants à cet âge manquent d’autonomie pour parcourir à pied  les nombreux kms séparant  leurs habitations des établissements. La carte scolaire  en Haïti ne correspond pas à des demandes   exprimées selon les besoins géographiques.

   b) Une école gérée par le secteur prive

Le système d’éducation en Haïti se caractérise par un taux élevé d’établissements d’enseignement privé comparé au nombre d’établissements publics. Plus de 65% des écoles du pays appartiennent au secteur privé.Sur les 889.380 écoles du primaire, seulement 320.000 sont inscrits dans les écoles publiques. Au niveau secondaire, le ratio écoles privées \écoles publiques est encore plus élevé qu’au primaire.84% des écoles du secondaire  sont du privé.

   Le secteur privé contrôle 67% des écoles fondamentales, 75% des écoles secondaires, 80% des universités.La privatisation de l’éducation s’accompagne d’une augmentation vertigineuse des frais scolaires. Entre 1993 et 2008  ils augmentent d’environ 60%. C’est la famille qui finance  globalement  l’éducation. Le financement de l’éducation connaît trois sources d’après Serge Petit Frère : l’Etat 7%, les donateurs  étrangers 32%(16%par voie bilatérale, 16% par le biais de ONG) et les familles 61%  avec une part active de la diaspora…

c)Des enseignants non qualifies pour un système éducatif

 Seuls 15% des enseignants engagés ont le profil académique requis pour enseigner. L’ancien ministre de l’éducation Nationale   Merisier 2002 : seuls trois des dix départements   scolaires du pays en 1999  ont pu accuser un taux de réussite  aux examens de 6eme année qui dépasse 50% des effectifs concernés. Ce taux est de 6% dans le département du Nord -0uest.

d) Des infrastructures inappropriées

  Le manque d’infrastructure  scolaire  s’ajoute à la faiblesse générale  de l’infrastructure  nationale, pas assez de locaux ni de routes  pour permettre à  des inspecteurs de visiter régulièrement certaines écoles

e) Une école sans ouvrages scolaires

  L’inexistence ou l’inéquation des manuels  scolaires constitue  une des faiblesses du système. Si au niveau primaire les titres sont bien nombreux, ils ne sont pas  également distribués dans le pays, le secteur urbain  demeure  nettement favorisé. Au niveau secondaire les élèves ne disposent pas d’outils appropries a un enseignement régulier.

f) Des difficultés économiques pour les parents

Le manque de ressources  tant au niveau des ménages qu’au niveau de l’état, mêlé à une instabilité socio politique affectent le système éducatif haïtien. La pauvreté et la marginalisation font  qu’un grand nombre d’enfants haïtiens  ne peuvent jouir de leur droit à l’éducation. Les enfants qui vivent en milieu rural sont les plus touchés. Les filles quoique  plus nombreuses   vont moins à l’école que les  garçons : 49% des filles vont à l’école contre 52%  pour les garçons.

g) Un enseignement supérieur mal pensé

L’enseignement Supérieur prolonge les difficultés du système éducatif haïtien. Le morceau du budget consacre a l’université est dérisoire soit de  1%.Il en est résulté  une inadéquation entre les capacités d’accueil et les demandes des jeunes. Près de 40.000 élèves  passent le baccalauréat 2eme partie pour 4000 places seulement à l’université d’état. Encore  le prive supplée toujours  dans sa logique un peu plus  de maximiser les profits.

 

 

Les réalités du système éducatif  haïtien  permettent de se dire que ce secteur n’est pas un centre d’intérêt manifeste pour l état du pays.Les éléments qui rendent compte de cette analyse sont les suivants :

·      Un morceau bien faible du budget consacré à l’éducation……

De ce faible montant il a été prouvé que 90% sont destinés au paiement du personnel et seulement 10%sont destinés au matériel didactique,à la formation du personnel,aux frais de fonctionnement et de déplacement.

·      Exclusion d’un pourcentage trop grand d’enfant  au processus d’apprentissage.

·      Faiblesse de préparation des enseignants.

·      Absence de contrôle de l’état   des travaux scolaires.

·      Manque exagéré infrastructures scolaires.

·      L’inexistence de matériels scolaires.

·      Un milieu rural totalement défavorisé

·      Le flou de la politique éducative.

·      Le caractère vétuste des lois

  Qu’il me soit permis  a cette phase de la  présentation  de partager avec l’assistance le travail admirable qu’est en train de réaliser la commission d’éducation du parlement pour doter le système  d’un corpus juridique approprié aux réalités nouvelles que commande le développement du système .A ce compte,  des  forums nationaux sont tenus  à ’échelle de tous les  départements  pour  réunir des informations bien pertinentes à l’effet d’enrichir les lois des expériences  de tous les ouvriers de l’éducation .  .  Il est important de regarder l’éducation dans son état actuel comme cause et conséquence de nos drames. Les deux plus grands fléaux qui entravent le développement  de la société sont l’ignorance et la misère. Ils doivent être   combattus. Pays classé dans la catégorie des PMA, il fait face à de nombreux défis d’ordre socio  économique et  environnemental, dégradation des ressources naturelles, de désastres naturels.. L’école représente l’avenir ; elle est le seul moyen d’accès à la culture et symbolise le changement de tout un peuple.

   Réaffirmons que l’éducation est un facteur clé du recul de la pauvreté, de la reconnaissance et de la garantie de la dignité humaine. Elle est un puissant levier de développement. Le droit à l’éducation n’est pas une simple  affaire technique et financière. Il s’inscrit avant tout dans une volonté politique commune de construire  de nouveaux rapports  entre les peuples pour un monde équilibré et solidaire. Le plus sur des enjeux pour le développement de l’équilibre de la société haïtienne demeure  une prise en charge plus responsable  de l’éducation.

 

 

 

 

La contribution de la diaspora.

 Sans vouloir  être pessimiste ,qui n’a rien voir avec ma philosophie existentielle, les réalités qui entourent le système éducatif haïtien ,les conditions qui expliquent le fait sont telles que l’on ne pourra espérer pour demain une amélioration quelconque. A mon humble avis ,sans une transformation profonde de la société, sans un changement  des conditions d’exister de citoyens,sans une augmentation de la production nationale,sans une décentralisation effective, sans une volonté réelle  de la part des dirigeants, sans une augmentation du budget consacré à l’éducation (en 2006-2007 seulement 8.86% du budget, en 2007-2008, 8.61%), sans un choix définitif  d’un système , sans des locaux adéquats,sans des professeurs qualifiés, sans des dirigeants bien imbus de leurs responsabilités,Haïti, la grande terre de la liberté ne pourra connaître des lendemains  positifs et nos enfants n’auront pas un héritage   dont ils seront fiers.

  Le pari est à engager et si nous nous mettons avec détermination,   nous  pourrons créer un espace porteur de toutes les conditions agréables pour tous les fils de la Patrie. Cette démarche doit être accomplie sans aucune exclusion. L’on doit se mettre à chercher toutes les compétences haïtiennes où qu’elles se trouvent pour les intégrer dans une politique de grande vision pour la société. Je veux prendre prétexte de cette rencontre pour lancer  ce qu j’appelle judicieusement : Comité d’experts de la Diaspora. Il sera chargé de canaliser  toutes les idées et initiatives de la diaspora, afin de l’amener à s’engager résolument dans les programmes de reconstruction. La diaspora  compte beaucoup de nos cadres parmi parmi les plus intellectuellement et les mieux techniquement outillés

  J’aime utiliser le mot d’un chercheur sur la diaspora  haïtienne : Nos professeurs d’université, nos médecins spécialisés, nos ingénieurs, nos économistes- beaucoup de  nos compétences sont  sous  exploitées  ou pas exploitées                                                                                   

du tout dans les milieux de la diaspora, alors que les besoins sont immenses en matière reconstruction et   de développement

  Chaque haïtien qui aime son pays doit se sentir interpellé pour donner sa petite ou sa grande contribution à l’édification de notre société nationale.

En attendant le plan global d’intervention, la diaspora pourra, après la mise sur pied d’un comité  légitime conduire des actions ponctuelles  dans des départements –à commencer par le Plateau Central que je représente au sénat. Elles prendraient les formes suivantes :

  • Dons de fournitures scolaires aux enfants défavorisés.
  • Aide à la construction d’écoles dans les milieux ruraux.
  • Aide à l’achat des outils pédagogiques.
  • Accompagnement des enfants dans les zones reculées dans leur scolarité.

 

  Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, j’espère que le temps à m’écouter a servi à apporter éclairage sur le système éducatif haïtien, ses manifestations, ses lacunes. Je  me dirai  que l’objectif de la rencontre aura été atteint lorsque pourra se mobiliser toute la diaspora en vue d’une participation  éclairée à l’œuvre de reconstruction de la seule richesse que nous avons en commun ; Haïti la terre de Dessalines et de Charlemagne Péralte.

    Merci de votre attention. Que s’ouvrent les débats  pour donner à  la rencontre  un caractère plus   participatif. Merci

 

Boston, le 26 avril 2009.